Lutte par confusion sexuelle
Utilisation de phéromones contre Cryptoblabes gnidiella : une approche biologique innovante
Cryptoblabes Conseils
9/9/20243 min read


Cryptoblabes gnidiella, également connu sous le nom de pyrale des agrumes, est un lépidoptère ravageur qui cause des dommages significatifs aux vignes, particulièrement en Europe et dans les régions méditerranéennes. Ce ravageur affecte la qualité et la quantité des raisins en endommageant les baies directement et en favorisant l’installation de maladies secondaires, telles que la pourriture grise (Botrytis cinerea) ou Penicillium. Afin de contrôler les populations de Cryptoblabes gnidiella, les techniques traditionnelles basées sur des traitements insecticides sont couramment employées. Cependant, la lutte biologique, notamment via la confusion sexuelle, s’impose de plus en plus comme une alternative efficace et respectueuse de l’environnement.
La confusion sexuelle : principe et application
La confusion sexuelle est une méthode de lutte biologique basée sur l’utilisation de phéromones, des substances chimiques naturellement produites par les insectes pour communiquer. Chez les lépidoptères, les femelles émettent des phéromones sexuelles pour attirer les mâles en vue de la reproduction. L’idée derrière la confusion sexuelle est de diffuser ces phéromones synthétiques dans l’environnement, en quantité suffisante pour perturber les mâles dans leur recherche des femelles, et donc empêcher ou réduire les accouplements.
Cette technique repose sur l’introduction dans les vignobles de diffuseurs de phéromones, installés à des points stratégiques. Ces dispositifs libèrent de façon continue les phéromones de synthèse spécifiques à Cryptoblabes gnidiella. Les mâles sont alors désorientés et incapables de localiser les femelles prêtes à s’accoupler, réduisant ainsi les populations de ravageurs de manière significative.
Efficacité et avantages de la confusion sexuelle
L’un des principaux avantages de la lutte par confusion sexuelle est qu’elle est hautement sélective : elle cible directement l’espèce visée sans affecter les autres insectes ou la faune environnante. Cela permet de préserver les populations d’insectes bénéfiques, tels que les prédateurs naturels et les pollinisateurs. En outre, la méthode ne laisse aucun résidu chimique sur les cultures, ce qui en fait une option particulièrement adaptée aux vignobles en agriculture biologique (AB).
Des études menées en Europe, notamment dans le sud de la France et en Espagne, ont montré que la confusion sexuelle peut réduire les populations de Cryptoblabes gnidiella de manière durable lorsqu’elle est bien mise en place. Les meilleures performances sont observées lorsque la méthode est combinée avec des techniques de piégeage et une surveillance rigoureuse des populations.
Mise en œuvre de la lutte par phéromones
Pour optimiser l’efficacité de la confusion sexuelle, il est essentiel de réaliser une installation méthodique des diffuseurs. Les vignobles doivent être suffisamment couverts pour garantir que les concentrations de phéromones soient homogènes dans l’ensemble de la parcelle. Généralement, entre 400 et 500 diffuseurs sont installés par hectare. Les producteurs doivent également s’assurer de bien connaître le cycle de développement du ravageur et de commencer l’installation des diffuseurs avant le début des vols des adultes, afin d'interrompre les accouplements dès le départ.
La lutte par phéromones peut également être couplée à d’autres méthodes de biocontrôle, telles que l’utilisation de prédateurs naturels ou de traitements microbiens comme Bacillus thuringiensis, qui cible les larves. Ces approches intégrées permettent de renforcer l’efficacité de la lutte contre Cryptoblabes gnidiella et d’assurer un contrôle à long terme.
Limites et défis
Bien que la confusion sexuelle offre une solution respectueuse de l’environnement et durable, son efficacité peut être affectée par plusieurs facteurs. Les parcelles de petite taille ou situées près d’autres zones non traitées peuvent subir des réinfestations en provenance des vignobles voisins. De plus, des densités élevées de ravageurs peuvent diminuer l’efficacité de la méthode, nécessitant parfois l’utilisation complémentaire d’insecticides en cas d'infestation sévère.
Enfin, la lutte par confusion sexuelle nécessite un suivi rigoureux des populations, ainsi que des ajustements annuels en fonction des conditions climatiques et des dynamiques de population du ravageur. Le coût initial de l’installation peut également constituer un frein pour certains viticulteurs, bien qu’à long terme, cette méthode réduise les besoins en traitements chimiques coûteux.
Pour conclure, la lutte par confusion sexuelle, associée à l’utilisation de phéromones, représente une méthode efficace et durable pour contrôler les populations de Cryptoblabes gnidiella dans les vignobles. Respectueuse de l'environnement et adaptée à l'agriculture biologique, cette approche offre une alternative viable aux traitements chimiques, tout en minimisant les risques pour la biodiversité et la santé humaine. Pour maximiser son efficacité, une gestion intégrée des ravageurs est recommandée, combinant confusion sexuelle, surveillance active, et utilisation de techniques complémentaires.
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